Cas patient : comment Marine a retrouvé confiance en elle ?

Je n’ai pas pour habitude d’écrire sur les cas que je rencontre dans mon cabinet, mais Marine (le prénom a été modifié) est une rencontre qui m’a fait chaud au cœur. Je l’ai vu se transformer en quelques mois seulement alors qu’elle était au plus mal…

Marine, le 10 mars 2018

Mon dernier rendez-vous avec Marine était un soleil dans ma journée. Pour la première fois depuis notre rencontre, elle n’a pas parlé une seule de fois de ses problèmes ou de ses craintes. Radieuse, elle m’a expliqué avoir pris de bonnes résolutions, notamment en prenant soin de son apparence.

Maman célibataire de deux adolescentes, elle a accepté le « relooking » proposé par ses deux filles. Elles lui ont offert le meilleur épilateur à lumière pulsée 2018 pour éliminer sa moustache naissante. Avec cet appareil, elle a pu s’apercevoir à quel point l’épilation pouvait être rapide, et cela, sur toutes les parties de son corps. Elle a fait un grand ménage dans sa garde-robe pour mettre davantage de couleur et des tailles plus adaptées à sa silhouette mince. Le maquillage, qu’elle maîtrisait parfaitement lors de sa jeunesse, est revenu dans sa routine du matin.

D’ailleurs, durant le rendez-vous, tous ses gestes étaient emprunts d’une confiance dont elle ne m’avait pas habitué. Elle avait réussi à travailler sur ses complexes.

Mais, les changements ne s’arrêtent pas au physique. Elle recherchait activement un travail, ressortait avec d’anciennes amies qui, elles aussi, avaient divorcé et songeait pour la première depuis onze ans à retrouver quelqu’un.

Tout ce travail avait eu la même source. Après avoir touché le fond, elle avait réalisé que cette vie était sa seule chance et que ses enfants avaient besoin d’une mère qui soit là pour eux.

Marine, le 8 août 2017

La première fois que j’ai vu Marine, c’était deux jours après sa sortie d’hôpital. Elle venait de faire une tentative de suicide et si sa fille de 14 ans n’était pas rentrée plus tôt, elle serait sûrement morte à la suite de sa prise de médicaments.

Marine était au plus mal. Elle pleurait la mort de sa mère en 2016 et surtout son manque de perspectives. Ses filles étaient désormais plus matures (selon elles), n’avaient plus besoin d’elle et feraient bientôt leur vie. De son côté, la solitude l’attendait. D’ailleurs, si aucun employeur ne voulait d’elle ou aucun homme ne tentait de la séduire, ce n’était pas pour rien !

Elle m’affirmait alors que le suicide était un aveu de faiblesse, mais aussi la seule échappatoire.

Que s’est-il passé entre ces deux rendez-vous ?

La dépression est un mal très courant qui touche toutes les catégories : femmes, hommes, jeunes, personnes âgées, sans emploi, cadre…

Quand on tombe dedans, on a l’impression d’être dans une eau sans surface. On se bat pour remonter sans jamais trouver l’air et puis, à bout de force, on retombe.

Je n’ai jamais vu quelqu’un sortir d’une dépression sans aide. L’aide ne passe pas forcément par un psychologue, mais peut prendre la forme de la découverte d’une religion, d’une rencontre, d’une difficulté d’un proche qui nous détourne du « moi, je »…

Avec Marine, l’élément déclencheur a été de voir à quel point ses filles souffraient de la situation et qu’elles auraient toujours besoin de leur maman. Les liens de la famille se sont solidifiés et toutes ensemble, elles ont essayé de s’entraider. Plus de repas ensemble, des sorties « shopping », mais aussi des discussions honnêtes au sujet du divorce et des événements passés.

Cette nouvelle vie a éloigné les nuages de la dépression pour laisser entrevoir plein de projets, un mot auquel elle ne pensait plus.