jeune femme avec des idees noires

LES PENSÉES INDÉSIRABLES : PENSÉES INTRUSIVES ET OBSESSIONNELLES

Les pensées intrusives ou obsessionnelles sont des symptômes majeurs d’un trouble anxieux. Quand elles sont suivies de compulsions, elles font partie du trouble obsessionnel compulsif, mais quand elles n’impliquent pas de contraintes, elles sont juste des pensées qui peuvent provoquer une anxiété très dérangeante.

Ainsi, je ne parlerai pas des pensées qui appartiennent au trouble obsessionnel compulsif (TOC), mais des pensées qui encombrent tout l’esprit sans impliquer de comportement particulier.  Ces épisodes de pensées intrusives peuvent survenir chez tout un chacun sans que nous puissions nous définir comme assujetti à un TOC.

Définition des pensées intrusives ou obsessionnelles

Les pensées intrusives sont des pensées involontaires sous forme d’images ou d’idées désagréables qui peuvent devenir obsessionnelles quand elles occupent tout l’esprit en tournant en boucle, sans que l’on parvienne à les gérer et encore moins à les supprimer.

Ces pensées deviennent des ruminations et provoquent la culpabilité et la honte.

Ces pensées peuvent concerner

– le passé : ce que l’on aurait du faire à la place de ce que l’on a fait (« j’aurais du lui dire qu’il m’embêtait ») ou ce que l’on a fait alors que l’on n’aurait pas du le faire (« je n’aurais pas du le rudoyer comme ça »).

– le présent : une envie soudaine de faire quelque chose qui ne doit pas se faire et que l’on sait que l’on ne fera jamais (envie de crier, envie de blesser…) ou des idées fixes qui n’ont rien à voir avec ce que l’on vit

– le futur : une projection sur un événement futur qui provoque une peur envahissante.

Voici trois règles importantes

1.  Tout le monde a des pensées intrusives

Nous avons tous une imagination et nous avons tous des pensées intrusives. Simplement, chez certaines personnes ces pensées vont tourner en boucle et ne vont plus être gérables.

2. Les pensées ne sont pas la réalité, mais juste des pensées

Essayez de penser le plus fortement possible à un énorme sac de pièces d’or. Vous aurez beau y penser de toute votre force, jamais vous ne parviendrez à le matérialiser !

Une pensée n’est qu’une pensée. Et même le fait de se penser stupide ou incapable n’est qu’une pensée.

3. Vouloir les supprimer ne fera que les renforcer. 

Effectivement, plus on tente de bloquer sa pensée, et plus elle revient.

À ce propos, voici deux exemples narratifs.

Le premier est raconté par Tolstoï. Quand il était enfant, son frère pour l’ennuyer lui demandait sans cesse de rester debout dans un coin en lui demandant de ne pas penser à un ours blanc. Bien sur, bien qu’il n’y ait aucune raison de penser à un ours blanc, le petit Léon ne pouvait plus penser à autre chose qu’à un ours blanc.

Le second appartient aux contes la rue Moufetard, merveilleux livre pour enfant de Pierre Gripari. Dans « La sorcière du placard aux balais », le héros achète une maison pour 1F. Cette belle maison n’a qu’un défaut : il ne faut pas prononcer « sorcière, sorcière, prends garde à ton derrière ! » Phrase évidemment ridicule à penser et à dire, qui va hanter le héros jusqu’au jour où il ne pourra plus s’empêcher de la dire en entier.

Les pensées réprimées ne peuvent qu’être renforcées, c’est à dire que plus on tente de les oublier et plus elles ont de présence.

Conseils pour gérer les pensées intrusives ou obsessionnelles

1. La visualisation 

Prenez quelques minutes de votre temps pour vous installer confortablement afin de visualiser vos pensées négatives et effrayantes. Vous les regarder en allant au bout de l’idée, sans utiliser la rationalité, juste en les regardant comme des faits. Puis, en utilisant soit l’humour, soit la minimisation de la peur qu’elles provoquent, vous vous fabriquez une image qui soit moins troublante, moins angoissante, moins pénible dont vous vous servirez ensuite quand la pensée initiale intrusive et obsessionnelle reviendra.

Une de mes patientes a eu ainsi l’idée de porter un bracelet pour symboliser sa pensée obsessionnelle. Quand la pensée arrivait, elle regardait son bracelet en l’admirant pour l’esthétique qu’il avait. C’était un beau bracelet qui lui plaisait beaucoup. Puis, elle a supprimé le bracelet certains jours de la semaine, en s’autorisant à penser à ses pensées les jours où elle le portait. Elle a peu à peu remarqué que les jours sans bracelet, sa pensée n’existait plus.

C’est à chacun de trouver ce qui lui ira le mieux.

2. Le monologue intérieur positif

Il faut être gentil avec soi et ne pas se juger. Être gentil avec soi, c’est aussi se rassurer. Avoir des pensées n’est pas grave, c’est même tout à fait normal et sensé. Il faut juste les accepter en tant que pensées et rien de plus. Aucune pensée ne peut vous faire mal, aucune ne va vous obliger à faire ce que vous ne voulez pas faire.

Le plus important est de faire chuter cet état d’anxiété qui accompagne les pensées intrusives.

3. Réduire le bavardage

Ces pensées ne sont que du bavardage et vous pouvez le réduire en acceptant simplement qu’elles soient là. Il ne fait pas leur donner d’importance, plus d’importance que ce que les pensées peuvent en avoir. Moins elles auront d’importance et plus elles s’effaceront.

Conclusion

Tout ça n’est pas facile à faire. Il faut en plus d’être gentil avec soi, être patient et se faire confiance. Mais surtout, ce qui est le plus important est de chasser la honte et la culpabilité qui accompagnent ces pensées. C’est un vrai travail sur soi.