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SAVOIR PRENDRE DES DÉCISIONS

Savoir prendre des décisions peut parfois être particulièrement difficile. On a à faire un choix et ce choix est tellement présent, indispensable qu’il finit par nous pourrir toutes nos actions.

Beaucoup de mes clients me disent : »Je n’arrive pas à me décider. J’ai listé tous les aspects pour et tous les aspects contre, mais cela ne m’aide pas vraiment. Si je décide ça, je vais être content de l’avoir et mécontent de ne pas avoir l’autre choix. Comment être sûr que ce que je décide est le bon choix, le choix qu’il fallait faire ».

La grande question est là : comment savoir, sans l’ombre d’un doute, que ce que l’on choisit est la décision qu’il fallait prendre ?

Certaines décisions sont faciles à prendre parce que l’enjeu est petit et sans grandes conséquences. Riz ou nouilles ? Pull noir ou gris ?

Plus les conséquences ont un impact sur le temps qui passe, et plus elles nous feront hésiter sur le choix. Une voiture grise ou bleue ? Cette maison sans jardin ou cet appartement avec un grand balcon ? Avoir un enfant ou ne pas en avoir ? Se marier ou ne pas se marier ?

Le chemin de l’immobilisme

Le plus souvent les options possibles offrent autant d’avantages que d’inconvénients et les lister nous fait sombrer dans le doute le plus total.

La recherche de la certitude nous paralyse et nous finissons par ressembler à des lapins pris au piège par les phares d’une voiture qui arrive à vive allure.

Vouloir trop de certitude avant de décider, c’est pratiquement s’assurer que l’on n’en aura jamais. C’est chercher la perfection, le certificat posté dans la boite à lettres qui dira : « Oui, c’est la bonne décision ! ». Comme on n’a jamais ce certificat, on tourne en rond en pensant au lieu d’agir.

Cette recherche de la certitude peut même nous conduire à chercher la validation des autres à tout prix. C’est l’impression que l’on ne va pas être capable d’assumer en toute indépendance, l’impression que parmi toutes nos valeurs et nos aptitudes, nous sommes dépourvus de celle de responsabilité. On ne fait que valider l’impossibilité de pouvoir choisir.

Il arrive que devant un choix à faire, nous soyons tellement paralysés que finalement nous faisons le choix de choisir ce qui ne nous fera pas bouger, pas changer. Pour appuyer ce choix, nous rationalisons l’émotion : « Je reste avec cet homme violent parce qu’il est très gentil avec nos enfants et que cela leur ferait trop de peine ». « Je ne vais pas m’arrêter de fumer parce que je vais me sentir très mal et bouleversé ».

Or, ne pas prendre de décision est bien prendre la décision de ne pas en prendre. Et pour ne jamais passer pour un faible à nos yeux, nous parvenons à nous faire croire que notre excuse est parfaitement logique. « Je ne me sentais pas soutenu dans mon choix ».

La grande conséquence de cette impossibilité à prendre une décision est que cette impossibilité contamine toutes les autres décisions. « Je n’arrive même plus à choisir ce que j’ai envie de manger, où j’ai envie de me promener. »

Le chemin de l’action

Arrêtons de rationaliser. Un choix n’est pas un problème scientifique. Il n’y a pas d’équation à résoudre.

Beaucoup de décisions importantes sont prises sans difficultés. Très certainement parce que ceux qui les ont prises n’ont pas recherché la certitude absolue de faire le bon choix. Ils vivent leur choix en cherchant à l’assumer et non en regrettant le choix qu’ils n’ont pas pris.

Lorsqu’une décision devient difficile, le mieux parfois est de se faire confiance. Par instinct, on sait très bien ce que l’on veut.

L’University College London a réalisé une expérience en 2007 montrant que, dans certaines situations, les rapides décisions prises par notre inconscient sont plus pertinentes que les lentes décisions prises avec rationalité. Trop réfléchir avant de décider est parfois inutile. Notre inconscient peut décider très vite et choisir rapidement la meilleure voie. Dans cette expérience (relatée dans Current Biology), on présentait aux sujets un écran couvert de 650 symboles identiques, tournés dans le même sens, sauf un. Le premier groupe qui n’avait qu’une fraction de seconde pour décider réussissait à trouver le bon symbole avec un taux de réussite à 95%. L’autre groupe qui n’avait un peu plus d’une seconde pour décider réussissait à trouver le bon symbole avec un taux de réussite à 70%. la fonction du cerveau conscient qui rationalise bloque la décision initiale de l’inconscient.

Les résultats de cette expérience, qui a été renouvelée par d’autres chercheurs, sont proches de ce que dit MiltonErickson quand il écrit : « faites confiance à votre inconscient ».

Mais, attention, cela ne veut pas dire que nous devrions décider très vite et faire nos choix en quelques secondes. Non, cela veut dire qu’il faut être attentif à notre première impression lorsque nous avons eu le choix à faire. Il faut tenter de ne pas relativiser, de ne pas rationaliser. La meilleure solution objective n’existe pas. Seule compte la meilleure solution subjective.

Pour prendre une décision :

1. Faites confiance à votre première impression. N’insistez pas sur la logique des raisons. Votre choix est fait ? Alors il est bien. Il n’est pas bon, il est simplement bien.

2. Quand vous utilisez votre rationalité pour choisir, essayez de vous projeter dans votre choix, non pas en vous disant « Pourquoi serait il bien ? », mais plutôt « Pourquoi me sentirais-je mal en faisant ce choix ? Qu’est ce qui ne réussirait pas ?  » Cela vous permettra de comprendre l’importance que vous mettez inconsciemment dans ce choix à faire.

3. Votre choix vous est personnel. Certaines personnes n’auraient pas fait celui là. C’est un choix qui est bien pour vous et vous êtes capable de l’assumer parce que c’est le vôtre.

4. Enfin, s’il vous arrive de faire le « mauvais » choix, celui où vous vous sentez mal, ne vous culpabilisez pas. Nous ne sommes que des êtres humains, capables de faire des erreurs et capables de réagir. Apprenez de l’erreur et reprenez votre place. Le mauvais choix à ce moment là serait bien de persister dans un choix dans lequel vous vous sentez mal.