un enfant timide

LA TIMIDITÉ CHRONIQUE

À côté de la timidité occasionnelle qui se manifeste uniquement dans les situations inconnues par une attitude distante et froide, conséquence d’une peur du jugement des autres, il y a la timidité chronique, généralisée à toutes les situations.

Cette timidité engendre une communication et des relations difficiles, sources de malaise permanent.

En plus de la peur du jugement des autres, ce timide, obsédé par le désir d’être aimé, n’a qu’une idée en tête : ne pas déranger.

Pour ce timide « ne pas déranger » se résume souvent par l’idée qu’il vaut mieux se taire parce qu’en parlant, on prend le risque de dire « des bêtises » qui au mieux n’intéressera personne, au pire déclenchera la moquerie.

Pour ce timide, se faire aimer, c’est avant tout se plier aux désirs des autres et ne pas les contredire.

De situations en situations, ce timide finit par s’isoler puisque tout le monde l’isole et tout le monde l’isolant, ce timide finit par penser que personne ne l’aime, qu’il faut redoubler de passivité.

 

Pierre est venu me consulter parce qu’il souffre de solitude et se sent continuellement incompris. Particulièrement timide d’aussi loin qu’il s’en souvienne, Pierre, au fil des années qui passent, ne cesse de se replier sur lui même, fuyant de plus en plus souvent les contacts avec tous les autres, y compris sa famille, ses amis et ses collègues.

Toute soirée est devenue un calvaire à vivre. Avant, pendant, après. Tendu comme un arc, il se bloque sur des questions qui fouillent une culpabilité imaginaire.

Avant la soirée, Pierre appréhende, plusieurs heures avant, de se sentir observé.  Sa seule idée est que le jugement que l’on va « obligatoirement » porté sur lui sera « obligatoirement » négatif. Il tourne et retourne en images la future soirée et se demande :  Que vais je pouvoir dire ? De quoi vais je parler ?

Pendant la soirée, Pierre se sent complètement à la fois attaqué et vulnérable, incapable de se protéger comme de se défendre. Il a l’impression de ne rien contrôler, d’être incompétent en tout. Le moindre sourire, le plus petit regard et ce sont des questions qui reviennent : Pourquoi me regarde t il comme ça ? Pourquoi me sourit il ? Qu’est ce que j’ai fait ? Pas fait ?

Après la soirée, Pierre revit en pensées négatives les évènements. Il poursuit sa dévalorisation et retourne encore les mêmes questions : Que pensent les autres de moi ?

Ce jeu de la culpabilité l’épuise et la seule solution trouvée – le repli sur lui – ne peut pas le satisfaire, car la solitude non choisie entraîne une multitude d’occasions manquées.

Avant la soirée, il pose des exigences irréalisables.

Pendant la soirée, il part du principe que les autres sont plus puissants, plus compétents que lui, que les autres ne peuvent que l’agresser en actes et en paroles.

Après la soirée, il fixe en souvenirs ses manifestations d’anxiété, preuve d’un échec renouvelé d’une nouvelle tentative.

À force de vouloir remplir un rôle imposé et basé sur la peur du jugement des autres, Pierre s’est coupé de l’essentiel et a perdu de vue qui il était. Bloquant toutes ses émotions, taisant toutes ses idées, il s’est vidé de lui et ne se remplit de rien, hormis du désir de l’autre, désir qui n’existe qu’en pensées, en imagination.

Le travail que je lui ai proposé tourne autour de ces trois axes :

– les croyances qui engendrent des objectifs inatteignables,

– la reconnaissance des émotions et des sentiments,

– les pensées négatives qui nient l’adaptabilité, le conflit et l’initiative.

Ce travail a pour but d’apprendre que parler est à la fois un risque et une chance. Le risque d’être contredit, de montrer ses faiblesses. La chance d’entrer en relation avec les autres et de se montrer tel qu’on est.

Le risque d’entrer en conflit et la chance de comprendre que se mettre à la place de… ce n’est pas penser à la place de ….