L’INDÉCISION
Dans mes précédents articles, je parlais des difficultés liées à toute décision. Or, avant l’état de décision, il y a l’état d’indécision, état certainement plus difficile à vivre surtout s’il se prolonge indéfiniment puisque cela nous mène à la procrastination.
Se retrouver dans cet état d’indécision créé effectivement un vrai état de malaise de situation. L’effet est immense et sa conséquence est parfois désastreuse. C’est pour cette raison, que j’ai rassemblé ici les conseils que je donne à ceux qui viennent me consulter quand ils se retrouvent à ce point du choix, immobile et mal à l’aise.
Avec eux, on exploite ces conseils, dans l’ordre et le désordre. On essaie, on teste, on prend, on rejette, on reprend. C’est un vrai travail qui ne peut être que personnel. Chacun a son système de fonctionnement, chacun va à sa vitesse, chacun monte son propre escalier, chacun a ses marches (ou même marchinettes comme dit l’une de mes clientes ).
Donc, si vous voulez améliorer votre prise de décision ou si vous pensez que vous avez une tendance à la procrastination, voici quelques conseils qui vous aideront peut être :
1. Donnez-vous suffisamment de temps pour obtenir et examiner toutes les informations, mais ne campez pas sur cette phase de la décision.
Le biais de disponibilité est bien trop humain pour penser pouvoir l’éviter, c’est vrai. Il est fort possible qu’un détail vous échappe, qu’une information vous manque, mais à trop hésiter, vous resterez au bord de la route.
Supposons que j’attende le bus. Sur la fiche horaire, on note que le prochain bus est à 16h06. À ma montre, il est 16h04. J’attends. C’est normal. Je regarde ma montre, il est 16h10. Alors le bus est passé ou pas passé ? Il est en retard ou pas en retard ?
Première information : Le prochain est noté pour 16h30.
Deuxième information : Je suis déjà légèrement en retard pour arriver là où je dois aller.
Plus je passe de temps à m’énerver, à douter de son retard, et plus je m’immobilise.
Le bus est passé à 16h35, en retard de 5 mn.
Il y a une information que je n’ai pas mis en balance : celle de la durée du trajet, soit 15 mn à pied et 5 mn en bus. Celle là m’aurait permis de penser que ma décision avait une heure buttoir : 16h25 !
2. Ne pensez pas qu’il y ait une bonne et une mauvaise option.
Il y a votre option, pas celle qui convient à Dupont, ni celle qui convient à Durand. En pensant en termes de « bien » et de « mal » nous pouvons faire pression sur nous-mêmes inutilement. Habituellement, il ya des avantages et inconvénients dans chaque option, mais ces avantages et ces inconvénients ne sont généralement pas à peser en « bien » et en « mal ».
En reprenant l’exemple très simple du bus, je peux penser qu’il est bien que pour 5 mn de bus, je me fasse les 15 mn à pied. Pour ma santé par exemple. Mais si je me sens fatiguée, est-ce alors à peser en terme de « bien » et de « mal » ?
J’ai envie de faire le trajet en bus, alors j’attends. Je patiente parce que je sais pourquoi j’attends et j’assume mon retard à l’arrivée.
Si mon retard à l’arrivée est impossible, alors je n’ai pas besoin de me poser la question pendant une éternité sur le retard possible du bus de 16h06. C’est plus simple : il est 16h10 à ma montre. Le bus n’est pas là. Je pars à pied.
C’est la raison de mon option qui l’a emportée sur ma décision, parce que cette raison était ce qui était bien pour moi, mon avantage à moi (arriver à l’heure), avec mon inconvénient assumé (la marche à pied).
3. Prenez le temps de réfléchir à ce que vous devez réaliser
Souvent, nous pensons nos décisions sur le court ou moyen terme. Nous nous imaginons juste au moment de la prise de décision et non à la façon dont nous assumons la décision. Nous oublions de penser au long terme, en quelque sorte.
Pensez à vous, à votre façon d’être, à vos valeurs.
Mon exemple simplissime de bus peut encore servir ici. S’il est dans mon système de fonctionnement une idée précise sur le respect de mon heure d’arrivée, alors, ma décision est facile à prendre. Mais pour cela, il faut que je pose le problème du choix en vrai problème d’objectifs, en vrai problème de valeur.
Je peux très bien penser que cette valeur n’est pas primordiale pour moi. Je prends alors mon téléphone et je préviens la personne que je serais en retard et j’attends le bus avec patience.
Ce qui est important est votre façon de demeurer ce que vous vous êtes. Devant un choix, vous serez plus ça et moins ça. Il faut prendre le temps de se projeter réellement et d’envisager les conséquences par rapport à son système de pensées, par rapport à sa vision du monde.
4. Ne vous inquiétez pas au sujet de la décision.
Si vous avez examiné toutes les informations disponibles et que vous avez pris une décision, vous avez fait de votre mieux. Et si elle ne s’avère pas être la meilleure décision en raison de renseignements supplémentaires qui deviennent disponibles, celle que vous avez prise était encore la meilleure décision quand vous l’avez prise. Il peut même arriver qu’il vous faille juste réadapter votre choix, car certaines décisions ne sont pas définitives.
Dans mon exemple de bus, ce n’est sans doute pas le cas d’une décision adaptable, si, en me mettant à marcher, je vois tout à coup le bus me dépasser.
J’ai pris la mauvaise décision ? Non. J’ai pris la décision qui me permettait à coup sur d’être à l’heure. C’était ma décision au moment où je l’ai prise et elle arrivera à l’objectif que je m’étais fixée.
5. Évitez le perfectionnisme.
Plus facile à dire qu’à faire! Mais personne n’a à être parfait. Personne n’a à prendre des décisions parfaites. Si c’est une bonne décision pour vous, alors c’est une excellente décision.
Ma décision d’aller à pied était excellente. Je vais être à l’heure et j’ai fait un exercice physique intéressant pour ma santé.
Ma décision d’attendre le bus était excellente. J’ai téléphoné pour prévenir de mon retard et je vais pouvoir me reposer avant ce rendez vous important.
6. Communiquez clairement avec vous-même.
Se mentir à soi même est un autre biais. Lorsque vous considérez toutes les informations et les options, vous devez tenter d’être le plus objectif possible et le plus rationnel possible. Il faut être clair avec soi même et pensez à ce qui pourrait vous mener à l’échec, à l’erreur, à la « mauvaise » décision.
N’hésitez pas à écrire ce que vous pensez, ressentez. Laissez venir le rationnel et l’émotionnel. Et demandez vous « Ce choix ne serait pas le meilleur pourquoi ? Épuisez les pourquoi jusqu’à ce que vous sentiez que vous parvenez au bout du bout de votre raisonnement.
Pourquoi mon choix de partir à pied échouerait ? Parce que le bus passera avant que j’arrive. Pourquoi ? Parce que j’aurai pu attendre. Pourquoi ? Pour me reposer
Et là je peux choisir entre ma valeur respect du rendez vous et ma qualité de vie physique. Savoir ce que je sens qu’il est mieux pour moi de privilégier.
7. Suivez votre intuition.
Être en contact avec vos sentiments et de leur utilisation – ce qui est parfois mentionné comme étant de l’intelligence émotionnelle est certainement aussi important que de rester en contact avec la rationalité dans une prise de décision et surtout dans la position de l’indécision.
Dès que j’ai regardé les horaires de bus, j’ai eu l’intuition que je venais de le manquer. J’étais donc en colère. Je pouvais profiter de ma colère pour me détendre en marchant ou simplement en attendant sans impatience. La rationalité venait après peut être pour décider entre honorer ma valeur ou prendre en compte ma fatigue.
8. Apprenez à décider sur les petites décisions.
Essayez ces techniques sur les petites décisions, comme celle que je viens de prendre en exemple entre bus ou marche à pied. Cela vous aidera à déterminer ce qui fonctionne pour vous et ce qui ne fonctionne pas – et également pointer les endroits à améliorer avec plus de pratique. En utilisant votre process personnel sur de petites décisions, il vous sera plus facile de l’utiliser dans des situations potentiellement plus difficiles et cela vous apprendra à surtout à éviter l’immobilisme de l’indécision.