L’ORIENTATION SEXUELLE ET L’HOMOSEXUALITÉ
L’homosexualité a été longtemps considérée comme une maladie. Ce n’est qu’en 1973 que l’APA (American Psychological Association) supprime du DSM IV l’homosexualité dans la liste des troubles mentaux. Et ce n’est qu’en 1992 que l’Organisation mondiale de la Santé supprime de la liste des maladies dans sa classification internationale des maladies.
Mais cette suppression littéraire est loin d’anéantir le stigmate, les préjugés et la discrimination que les personnes homosexuelles ou bisexuelles peuvent vivre tout au long de leur expérience de vie.
On a trop longtemps pensé l’homosexualité comme une maladie mentale, maladie qui pouvait se guérir, pour que la société en supprime toute la discrimination qui s’y attache.
Être homosexuel(le) devrait être aussi naturel qu’être hétérosexuel(le). C’est souvent la peur d’être mis à l’écart qui provoque la peur de le dire, la peur de l’admettre.
L’orientation sexuelle ne peut être pensée en termes de bon et mauvais choix, mais elle peut être source de mal-être, de souffrance, de déni.
Qu’est-ce que l’orientation sexuelle ?
Une orientation sexuelle se réfère à un mode durable de réactions émotionnelles, au sentiment d’une personne vis à vis de ses attractions sexuelles, des comportements qui y sont liés.
On peut considérer plusieurs types d’orientation situés sur un continuum qui va de l’attraction exclusive à une personne de sexe opposé à l’attraction exclusive d’une personne du même sexe. Pourtant, en dehors de ce continuum, il est facile de cerner trois catégories :
1. l’hétérosexualité avec attraction et troubles émotifs envers les personnes de sexe opposé
2. la bisexualité avec attraction et troubles émotifs envers les hommes comme les femmes
3. l’homosexualité avec attraction et troubles émotifs envers les personnes de même sexe.
L’orientation sexuelle ne peut pas être définie par les autres composantes de sexe et de genre, c’est à dire par le sexe biologique (sexe féminin ou masculin), par l’identité sexuelle (le fait de se sentir femme ou homme) ou par le rôle social dévolu à chaque sexe (le comportement masculin ou féminin).
L’orientation sexuelle est en fait définie par les relations aux autres, les relations intimes et personnelles qui répondent aux sentiments d’amour, d’attachement, d’engagement. L’orientation sexuelle est ainsi plus qu’une caractéristique personnelle mais une identité personnelle au sein d’un groupe.
Comment sait on que l’on est homosexuel(le) ?
C’est souvent une question que viennent me poser des hommes et des femmes qui, parlant de leur sexualité, de leur désir amoureux ont des craintes plus que des doutes. La crainte de l’être, de le devenir plus que des doutes de l’être ou de le devenir. La crainte est soumise aux pressions des croyances, les doutes à son choix personnel.
Notre orientation sexuelle émerge à la pré-adolescence et survient très souvent avant qu’aucune expérience sexuelle ne se soit concrétisée. Beaucoup de gens ont des premières expériences qui n’ont rien à voir avec leur orientation sexuelle future. Il n’est pas rare que les adolescents aient des relations avec une personne du même sexe qu’eux, sans pour qu’autant cela définisse leur orientation sexuelle future et qu’ils soient ainsi identifiés comme homosexuels ou même bisexuels.
Comme les préjugés et l’homophobie rendent difficiles le choix à faire et la revendication d’une identité sexuelle minoritaire, il arrive très souvent que la réconciliation avec ce choix passe par un processus lent et douloureux.
Quelles sont les causes de l’homosexualité ?
Les théories sur l’homosexualité sont nombreuses, sans qu’aucune ne parvienne à faire l’unanimité.
Pour la psychanalyse, l’homosexualité est une réponse à un état de conflit, le plus souvent né au sein de la famille restreinte.
Pour les psychosociaux, l’homosexualité est le résultat de multiples facteurs environnementaux et une tendance personnelle à répondre à l’environnement par cette orientation.
Pour les biologistes, l’homosexualité est hormonale, voire génétique. Pour les neuro-scientifiques, elle est la réponse à un fonctionnement particulier du cerveau.
Pas de consensus, donc, mais une idée qu’il n’y a pas un seul facteur et que les multiples facteurs appartiennent à de multiples domaines : familiale, social, culturel, biologique …
Pas de consensus et pourtant parfois une souffrance qui va bien au-delà de la simple orientation sexuelle parce qu’elle met en jeu une multitude de croyances.
L’impact de l’homosexualité
Les croyances faites de préjugés, d’idées négatives ont un impact social et personnel.
Sur le plan social, sans qu’il n’y ait aucune preuve, ces croyances excusent le traitement inégal que l’on adopte pour les personnes homosexuelles en leur limitant certains droits fondamentaux, comme celui d’être parent ou de se marier, en limitant leur sentiment comme si aimer une personne du même sexe ne pouvait avoir la même définition qu’aimer une personne de sexe opposé.
Sur le plan personnel, ces croyances ont des conséquences parfois négatives, contraignant certains à dissimuler ou nier leur orientation sexuelle. Cela contribue à fortement diminuer l’image de soi, c’est à dire l’affirmation de soi et la confiance en soi. Les croyances peuvent se manifester par des comportements homophobes qui favorisent le stress chronique des personnes ayant une faible d’estime d’eux mêmes. Ces questions sont très difficiles quand le soutien social de l’environnement n’existe pas.
Faut-il dire aux autres que l’on est homosexuel(le) ?
Pour sortir de cet état de mal-être lié à l’orientation sexuelle difficilement assumée, les recherches ont montré qu’il était nécessaire d’avoir un sentiment positif vis à vis de son orientation sexuelle et qu’une bonne intégration dans la vie sociale favorisait le bien-être. Cette intégration implique souvent d’annoncer son orientation sexuelle à ses proches, de discuter de cette orientation avec les autres.
Mais la première étape est la reconnaissance envers soi. Beaucoup de gens se posent des questions sur leur orientation sexuelle, sur les attraits physiques et les émotions générées par les autres. Et se poser ses questions ne veut absolument pas dire que l’on est homosexuel(le).
Pour trouver une réponse, chacun a sa méthode, et toute méthode est bonne à partir du moment où elle permet d’identifier son choix, de découvrir sa propre identité sexuelle.
L’identité sexuelle est un choix qui en implique d’autres. Et il implique surtout de poser la question de savoir si on prend la décision suivante : celle de le dire à ses proches. Pour cela, il faut considérer l’aspect des risques et des avantages qui, eux, se déterminent personnellement selon la propre idée que l’on a de son niveau de confort.