SYMPATHIE, COMPASSION, EMPATHIE…
Ces trois mots sont trois concepts distincts très intéressants à interroger quand je m’aperçois que certains de mes patients les utilisent comme mots interchangeables. Or, ils ont des sens différents sur nos comportements, nos pensées et nos émotions.
L’empathie
Par définition, l’empathie est la capacité non seulement d’identifier les émotions des autres, mais aussi d’être à l’écoute de l’expérience émotionnelle des autres. L’empathie est alors soit une pensée, soit une pensée et une émotion.
Elle n’est qu’une pensée (une intellectualisation de l’expérience) si en voyant quelqu’un pleurer j’en conclus que la personne est triste, même si la personne ne dit rien. Elle n’est qu’une pensée si en voyant quelqu’un se faire mal j’en conclus que la personne ressent de la douleur, même si la dite personne ne crie pas.
Pour que l’empathie soit et une pensée et une émotion, il faut que je ressente une certaine version atténuée de l’état ressenti par la personne. Et c’est souvent parce que j’ai eu l’expérience de ce que ressent la personne, que je peux ressentir ce qu’elle ressent.
L’empathie est une capacité fondamentale de l’être humain. Ne pas avoir d’empathie pose autant de problème que d’en avoir trop.
Quand on n’en a pas d’empathie, on ne repère pas les émotions des autres et on ne parvient que difficilement à créer des relations intimes et complices.
Quand on a trop d’empathie, notre objectif de vie devient la résolution des problèmes. On supprime alors aux autres la capacité de ressentir les conséquences naturelles de leurs émotions et de leurs comportements en les prenant continuellement en charge. Et on finit par ressentir de la colère et
Pour conserver une empathie équilibrée, il est nécessaire de trouver le juste équilibre entre l’écoute de l’autre et le respect de soi.
Dans la vie courante, on dira : « Je vois que tu es déçu et je peux comprendre pourquoi. »
La sympathie
La sympathie est une prise de conscience du vécu d’une autre personne avec le sentiment que la situation est digne d’attention de notre part. C’est une sensibilisation à la connaissance de l’autre. C’est la possibilité de sélectionner les bonnes réponses émotionnelles appropriées pour les états émotionnels apparents de l’autre.
Il y a entre nous et l’autre une distance émotionnelle car dans ce cas, on ne prend pas l’émotion de l’autre pour nous même. Cela veut dire que l’on garde une certaine distance. Or, cette distance peut nous permettre de nous mettre à la place de l’autre (et non penser à sa place) pour l’aider comme il le souhaite et non comme nous aimons être aidés;
Dans la vie courante, on dira : « Je suis désolée pour vous. Est-ce que je peux vous aider ? »
La compassion
La compassion consiste à souffrir, subir quelque chose avec une autre personne. Cette capacité nous oblige à nous mettre dans la peau de l’autre, nous immerger dans son point de vue et sentir l’émotion comme si on ressentait la même. Mais la principale caractéristique de cette capacité est l’action. On peut considérer la compassion comme la traduction de l’empathie en action. Compatir veut dire vouloir aider en examinant les moyens qui peuvent aider l’autre à se sentir mieux.
La compassion peut s’étendre à tous les êtres humains, contrairement à la sympathie ou la compassion qui concernent nos proches.
Dans la vie courante, on dira : « Je comprends ta fatigue. Je vais aller faire les courses et tu vas te reposer. »
Résumé
La sympathie se concentre sur la sensibilisation
L’empathie se concentre sur l’expérience
La compassion se concentre sur l’action.
L’empathie pourrait être réservée à notre capacité à internaliser l’état mental de l’autre. La sympathie permet la préoccupation pour identifier l’expérience de l’autre, sans nécessairement l’intérioriser. La sympathie est plus proche de la compassion que de l’empathie.